En route pour l'aéroport
Cher J-B,
Ce matin j’ai jeté dans ma valise 3 t-shirts, 2 pulls, 3 pantalons, une robe, quelques culottes, et une brosse à dent, et j’ai sauté dans un taxi en route pour l’aéroport. Me voici donc dans cette voiture, partagée entre peur et excitation face à l’aventure qui m’attend, et je pense à toi. Je pense à toi, toi Jean-Baptiste Tavernier, toi le Baron d'Aubonne, toi le grand aventurier, toi que je ne connais qu’à travers le récit de tes voyages, mais toi que je ne rencontrerais jamais… logique, tu es mort depuis 1689.
J’ai choisi d’écrire des lettres et je t’ai choisi toi comme boussole de mes périples. Je n’ai aucun sens de l’orientation, je me perds même en suivant un GPS, mais dorénavant, sorte de ménage à trois je partagerais mes aventures, si ce n’est ma vie entre toi/ma boussole et Google map. J’ai fait le choix de t’écrire des lettres, mais ces lettres tu ne les liras jamais… eh oui, tu es toujours mort depuis 1689.
En lisant tes livres, en voyant les gravures de tes voyages, les portraits de toi, ta curiosité, ton excentricité, ton envie de découvrir l’autres autant que de sortir des sentiers battus, ont nourri mon envie de voyages, de découvertes, et de merveilles. Et comme toi je veux être marchand de merveilles, chiner, et dénicher les trésors du monde, aller à la découverte d’artisans pratiquant un art millénaire que tu as probablement connu, et son interprétation contemporaine, que tu ne verras jamais… encore une fois, tu es encore et toujours mort depuis 1689.
Comme toi, je rêve de cheminer à dos de chameaux au rythme de caravane sur la route de la soie, transportant avec moi, toute ma maisonnée. J’en rêve, mais les réalités temporelles et économique du XXIeme siècle, m’oblige en entreprendre ce premier road trip en solitaire. Mais avec ce petit voyage je pense que je peux te faire rêver : tu ne voyageras jamais aussi vite qu’à dos d’avion, rythmé par le moteur d’un Citroën Berlingo… Eh oui mon cher J-B, les choses ont bien changé depuis 1689… mais ton esprit est toujours là.
Sur ces belles pensées, je viens clôturer cette lettre d’autant plus que mon taxi vient de se garer devant l’aéroport.
Je t’écrirais une nouvelle lettre dès que j’arrive en Espagne, pour te raconter les premières merveilles que j’aurais découvertes, je suis tellement impatiente, je peux même dire que je trépigne d’impatience.
Baronne d’Aubonne